Après un prélude présentant les enjeux et l’ensemble des protagonistes du procès (accusés, avocats, procureurs, juges) ainsi que ceux qui y assistent (représentants des nations vainqueurs du Troisième Reich, presse), l’audience s’ouvre, le 20 novembre 1945, sur la déclaration de non-culpabilité des accusés et le discours introductif du procureur général américain Robert H. Jackson.
Le film montre ensuite comment Jackson a voulu organiser l’Accusation autour du crime principal de « Conspiracy » (« complot »), à partir d’archives fondant les débats sur des pièces à conviction indiscutables. La masse des documents provoque rapidement l’engorgement du procès. Jackson décide alors d’avancer la projection du film-preuve sur les camps nazis au 29 novembre, soit quelques jours après le début des audiences. Pour l’assemblée présente, c’est un choc, dont la presse se fait l’écho dans le monde entier.
La question du complot est ensuite réactivée, grâce à un autre film, Le Plan nazi, un montage d’actualités allemandes montrant les dignitaires nazis dans la conquête et l’exercice du pouvoir. Là encore, l’urgence de faire connaître, dans le prétoire, les crimes commis par les nazis, impose un infléchissement de la stratégie de l’Accusation. Autant que celui des accusés individuels, le rôle des organisations nazies doit être mis en évidence.
Sont ainsi appelés à la barre des témoins le responsable d’une des Einsatzgruppen chargées des exécutions en plein air (Ohlendorf) et l’un des adjoints d’Eichmann qui évoque comment les Juifs de Hongrie ont été « envoyés à la Solution finale » (Wisliceny). Peu nombreuses, les victimes-survivantes (Abram Suzkever, Marie-Claude Vaillant-Couturier) font néanmoins entendre leur voix, en luttant contre les contraintes des dépositions judiciaires et l’absence de compassion des juges, soucieux d’observer une stricte neutralité dans la position d’arbitre que leur confère la procédure anglo-saxonne, adoptée sous influence des Américains.
Alors que le procès a élargi à d’autres personnes que celles présentes dans le box la responsabilité des crimes commis à l’Est, la Défense, soucieuse avant tout de défendre ses clients, fait venir à la barre le directeur du camp d’Auschwitz, Rudolf Höss, pour lui faire dire que Kaltenbrunner n’était pas responsable des camps d’extermination. Höss confirme alors, devant la Cour, l’énormité du nombre de Juifs tués à Birkenau. En revanche, Göring, plaidant pour sa propre cause, arrive à déstabiliser le procureur Jackson, pourtant rompu à la technique du contre-interrogatoire, et qui possédait un document démontrant l’implication du plus haut dignitaire nazi présent à Nuremberg dans la mise en place de la « Solution finale ».
Au fil des audiences, l’Accusation a fini par faire de l’extermination des Juifs d’Europe l’un des enjeux majeurs du plan nazi et non l’une de ses conséquences. Ce changement majeur est confirmé par l’emploi du mot « génocide » pour qualifier cette politique dans les déclarations finales des procureurs alliés.
Les sentences différenciées infligées aux 21 nazis déférés devant les magistrats, malgré des désaccords entre eux, correspond à la volonté de rendre un jugement équitable. C’est également une manière de montrer que le procès n’avait pas pour seul enjeu de juger des individus, mais, plus largement, de délivrer une leçon d’histoire aux générations futures, en laissant en particulier une trace cinématographique des débats, celle-là même qui permet à ce film d’être présenté aujourd’hui.
Nuremberg. Les Nazis face à leurs crimes est le premier film entièrement situé à l’intérieur du prétoire du Tribunal Militaire International. Les seules archives insérées dans le montage sont des extraits des films projetés comme preuves en audience. Pour les entretiens, nous avons choisi uniquement des personnalités présentes à Nuremberg (un chef-interprète, Richard W. Sonnenfeldt, un membre de l’équipe de John Ford, Budd Schulberg, un procureur, Benjamin B. Ferencz et un rescapé d’Auschwitz devenu reporter au procès, Ernst Michel).
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