L’exposition “Filmer les camps. John Ford, Samuel Fuller, George Stevens, de Hollywood à Nuremberg” ouvre ce mercredi 10 mars à Paris, au Mémorial de la Shoah.
Il y a soixante-cinq ans, le monde découvrait les films tournés par les Alliés dans les camps de concentration et d’extermination nazis. De ces images qui nous sont parvenues, nous ne connaissons peu ou pas les auteurs et encore moins les conditions de réalisation. Le Mémorial a choisi de suivre le parcours de trois des producteurs de ces images, des cinéastes venus de Hollywood : John Ford, Samuel Fuller, George Stevens.
En 1945, les images de Dachau prises par l’équipe de Stevens sont insérées dans un documentaire montré d’abord aux États-Unis avant d’être projeté, à titre de preuve des crimes nazis, devant le Tribunal Militaire International de Nuremberg. Cette expérience, inédite, a été préparée par John Ford, qui dirigeait lui-même une unité spéciale, la Field Photographic Branch, chargée de réaliser entre autres ce film, Les Camps de concentration nazis, et de mettre en place le filmage du procès.
Si l’exposition se limite aux deux camps de Dachau et de Falkenau (satellite de Flossenbürg), elle est néanmoins de nature à faire comprendre au public les conditions dans lesquelles les opérateurs américains ont travaillé. Les équipes mises en place par John Ford et George Stevens étaient composées d’opérateurs professionnels, reconnus et expérimentés, ou formés spécialement à cette occasion.
L’exposition retrace l’histoire de ces trois grands cinéastes dont le parcours a été bouleversé par les violences de la Seconde Guerre mondiale et la mise en présence des victimes des « atrocités nazies ». En complément des images, des textes de John Ford et de Joseph Kessel sont lus par Jean-François Stévenin.
Pour la première fois, les images du camp de Dachau sont présentées dans l’ordre chronologique dans lequel elles ont été tournées. Elles sont accompagnées des fiches que les opérateurs remplissaient et des comptes rendus rédigés par l’un des écrivains embauchés par Stevens. Des extraits de ces récits, lus par Mathieu Amalric, ont été placés en commentaire des images. Cet ensemble documentaire permet de donner une place aux spectateurs d’aujourd’hui, à l’abri des opérateurs, dont les gestes de médiation sont ainsi revitalisés.
Grâce à la collaboration de l’Academy of Motion Pictures, Arts and Sciences et de la Lilly Library (Université de Bloomington, Indiana), et la participation de Christa Fuller, George Stevens Jr. et Jerry Rudes, le Mémorial est en mesure de montrer pour la première fois en France un montage de documents d’archives, de films et de photographies, souvent inédits, qui permettent de retracer, presque au jour le jour, une expérience vécue à la première personne, en même temps que transmise en héritage aux générations d’après.
Retrouvez Christian Delage, le commissaire de l’exposition :
Lundi 8 mars 2010, France Culture, 12h, “Tout arrive”, émission d’Arnaud Laporte.
Mardi 9 mars 2010 (daté 10 mars), Le Monde, entretien accordé à Thomas Sotinel
Mercredi 10 mars 2010, Libération, entretien accordé à Gérard Lefort ; LCI, 17h-18h, “Le Ring”, émission de Michel Field.
Vendredi 12 mars 2010 (daté 13 mars), Le Monde magazine, dossier spécial.
Mercredi 17 mars 2010, France Culture, 19h, “Le Rendez-vous”, émission de Laurent Goumarre